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DVDEF

99 Homes

Critique
Synopsis/présentation
99 Homes a pris plus d’un an à faire la tournée des festivals avant de trouver son chemin vers les salles. Loin d’être le signe d’un potentiel échec, l’œuvre a pu rayonner au 71e Festival de Film de Venise, au Festival du Film Américain de Deauville (où il a remporté le Grand Prix) en 2015, et au Festival du Film de Toronto en 2014 en plus de voir Michael Shannon être nommé dans la catégorie de meilleur acteur de soutien pour plusieurs remises de prix (Golden Globes et Screen Actors Guild, notamment). Ce qui demeure justifiable, mais relativement étonnant étant donné la qualité de la production.

Le film suit Dennis Nash (Andrew Garfield), un travailleur de la construction au chômage. Son fils, sa mère (Laura Dern) et lui sont évincés de leur maison qui est saisie par la banque pour faute de paiement. C’est Rick Carver (Michael Shannon), un agent immobilier qui assiste à la scène. Impressionné par la détermination du jeune père, Carver propose à Dennis de joindre ses rangs et de lui-même expulser des citoyens de leur demeure.

Cinquième long métrage de Ramin Bahrani, 99 Homes permet au cinéaste américain de renouer avec ses thématiques de prédilection : éclatement de la cellule familiale, système économique américain moderne et désenchantement social. Lui qui avait exploré les conséquences de la désillusion d’un père vis-à-vis de son fils dans At Any Price (2003), le réalisateur explore ici un côté plus sombre chez son héros en le faisant basculer de l’autre côté. Or, le personnage de Dennis agit comme boussole morale, oscillant constamment entre une conscience coupable de ses actions et un bonheur matériel qu’il tente de partager avec sa mère et son fils. Bahrani épouse ainsi la fable moraliste sans toutefois sombrer dans le sentimentalisme ou la caricature. Malgré la conclusion qui tranche sur les intentions du héros, le film trace constamment les nuances de son dilemme.

Mais la véritable force du long métrage réside dans la rigidité du récit et dans la maîtrise de la caméra. Jamais le film ne délaisse les enjeux moraux. Au contraire, Bahrani fait progresser son récit patiemment, à coups de séquences où Dennis se retrouve dans la position où il doit annoncer la saisie de demeures aux gens. À aucune occasion, ces scènes ne laissent sentir une quelconque répétition. Elles contribuent plutôt à dessiner ces fameuses nuances dans le conflit du protagoniste. Autrement, la caméra à l’épaule contribue à créer une tension dramatique saisissante, notamment lorsque Dennis lui-même reçoit la visite de Carver au début du film.

Enfin, Garfield et Shannon se complètent parfaitement. D’un côté, le premier propose un jeu à la fois intense, vif où l’acteur se retrouve souvent à fleur de peau. De l’autre, le deuxième s’efface derrière une rigidité glaciale où la complexité de sa composition trouve toute sa richesse au fur et à mesure que le récit avance. C’est le duel que les deux s’offrent qui rend 99 Homes tout aussi engageant et, lorsque le générique tombe, tout aussi troublant.


Image
L’image est offerte au format respecté de 2:40:1 d’après une résolution de 1080p.

VVS Films est un joueur plus modeste dans le monde de l'édition DVD, mais ce transfert prouve qu’ils n’ont pas à pâlir devant ceux des plus grands studios. Faisant preuve d’une excellente définition, l’image affiche netteté et précision. Ayant été capté en numérique (principalement avec la caméra Arri Alexa Plus), le film affiche sans surprise un fin niveau de détails et de textures. Le rendu des couleurs est également solide. Malgré une palette qui peut sembler un « terne » (les tons vifs se révèlent plus rares pour cette production), ces dernières se révèlent riches et précises alors que les tons de peaux demeurent naturels. Quant aux effets de surbrillance, ils sont évités grâce à des contrastes parfaitement gérés. Les parties sombres sont aussi magnifiquement reproduites grâce à des dégradés fluides et précis et à des noirs purs et profonds.

Le transfert se sauve de tout défaut majeur en ce qui concerne la partie numérique.


Son
Deux bandes-son sont disponibles sur cette édition au format Dolby TrueHD 5.1 en version originale anglaise et en version française.

Le mixage anglophone est étonnamment assez dynamique. Malgré la clarté et l’efficacité des ouvertures frontale et latérale qui laissent entendre la grande majorité des éléments sonores, la bande-son révèle une belle profondeur grâce aux enceintes arrière qui appuient agréablement les ambiances et aux effets d’ambiophonie qui assurent une plus intéressante immersion lors du visionnement. Les dialogues, élément prédominant du mixage, demeurent constamment et parfaitement intelligibles. Dès le plan-séquence d’ouverture, la trame sonore se fait intensément sentir grâce aux basses fréquences qui grondent profondément. Elles sont aussi sollicitées à d’autres reprises de même que le canal d’extrêmes graves qui se manifeste efficacement.

Il y a option de sous-titrage en anglais et en français.


Suppléments/menus
Nous retrouvons sur cette édition une piste de commentaires audio animée par le réalisateur Ramin Bahrani. Les interventions sont informatives et pertinentes. Le cinéaste révèle plusieurs aspects liés au tournage, à la postproduction, mais aussi sur son travail de recherche, le film étant basé sur une histoire vécue.

Nous retrouvons aussi une courte scène supprimée (1:26). Son intérêt réside dans la possibilité de la visionner avec le commentaire de Bahrani.



Conclusion
Malgré sa sortie plutôt tardive, 99 Homes est un fascinant récit réunissant deux acteurs au sommet de leur art. Bien que moraliste, le film de Ramin Bahrani ne franchit jamais la ligne du sentimentalisme crasse ou encore de la condescendance primaire. Son long métrage est nuancé, complexe et particulièrement engageant.

Techniquement, l’édition se défend tout à fait rivalisant sans peine avec celles des plus grands studios. Le transfert vidéo reproduit admirablement les intentions du cinéaste et le mixage fait preuve d’un solide dynamisme. À défaut d’être nombreux, les suppléments – on parlera ici surtout de la piste de commentaires audio du réalisateur Ramin Bahrani – sont très informatifs et pertinents. On soulignera aussi la présence d’une bande-son française alors que le film a pris l’affiche au Québec en version originale anglaise seulement.


Qualité vidéo:
4,4/5

Qualité audio:
4,3/5

Suppléments:
3,5/5

Rapport qualité/prix:
4,1/5

Note finale:
4,0/5
Auteur: Frédéric Bouchard

Date de publication: 2016-03-17

Système utilisé pour cette critique: Téléviseur LG 37LG30, Lecteur Blu-Ray Sony (BDPS350), Récepteur JVC TH-A30

Le film

Titre original:
99 Homes

Année de sortie:
2014

Pays:

Genre:

Durée:
112 minutes

Réalisateur (s):

Acteur (s):

Le DVD / Blu-ray

Pochette/couverture:

Distributeur:
VVS Films

Produit:
Blu-ray

Nombre de disque:
1 BD-50

Format d'image:
2.35:1

Transfert 16:9:
-

Certification THX:

Bande(s)-son:
Anglaise Dolby TrueHD 5.1
Française Dolby TrueHD 5.1

Sous-titres:
Anglais
Français

Suppéments:
Piste de commentaires audio, scène supprimée

Date de parution:
2016-02-09

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