Quelle est la différence entre le reportage et le documentaire? La question peut sembler simple pour qui s’y attarde le moindrement. Le reportage, majoritairement présenté lors des bulletins de nouvelles télévisées, offre un lot d’informations rapportées objectivement par un journaliste, de manière à faire connaître des faits. Le documentaire se veut le point de vue d’un cinéaste qui donne une orientation précise sur un sujet qu’il choisit.
Or, il faut immédiatement souligner une chose importante: l’objectivité n’existe pas, lorsqu’on pointe une caméra ou un micro vers des intervenants, des décors ou des objets. L’angle de la caméra, la directivité du micro, les choix faits au montage sont autants d’éléments contrôlés par des journalistes visant l’objectivité. Mais il n’en est rien. Demandez à deux journalistes de produire un reportage objectif sur un même sujet, avec les mêmes intervenants, dans les mêmes décors, avec le même matériel: vous aurez deux reportages différents ayant une portée différente.
L’objectivité n’étant pas de ce monde, le reportage existe-t-il vraiment? Le documentaire, où un cinéaste offre un point de vue sur le réel qui l’entoure, est-il réellement un film documentaire lorsqu’en fait, les gens qu’il questionne et les évènements qu’il filme ne sont jamais entièrement sous son contrôle? Ainsi, le documentaire existe-t-il vraiment?
Si le reportage et le documentaire sont des genres qui n’existent pas, que faut-il concevoir? Filmer le réel se veut un geste subjectif, mais où peu (ou pas) de contrôle n’est fait par le journaliste/cinéaste. Il faut en venir à l’évidence: il ne peut y avoir que des visées de reportage ou des visées documentaires. Toute production médiatique se retrouvant forcément entre les deux, sans jamais ne pouvoir aspirer pleinement à l’un ou l’autre. L’idéal est innateignable.
Yoann Sauvageau