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Master and Commander: The Far Side of the World (Collector's Edition)



Synopsis/présentation
Nicholas Roeg (cf critique de Don't Look Now pour des renseignements sur ca carrière) signe à nouveau une oeuvre originale, atypique mais logiquement moins facile d'accès que le gros des productions hollywoodiennes. On suit le parcours cahotique mais ambitieux de Thomas Newton (David Bowie), personnage éminement énigmatique dont on ne connaîtra jamais les origines de façon sure. Celui-ci met sur pied, grâce à des connaissances techniques avancées, une compagnie à échelle mondiale qui est censée lui permettre, grâce aux revenus qu'elle génère, de financer la construction d'un vaisseau spatial.

Voila ce que l'on peut dire de l'intrigue de ce film, du moins ce dont nous avons la certitude. En effet, il est vendu comme un film de science-fiction alors que cela n'est qu'une des hypothèses explicatrices de cette oeuvre troublante. N. Roeg n'est pas vraiment intéressé par l'intrigue de son film, préférant entretenir savamment l'ambiguité à propos de son héros (est-il réellement un extra-terrestre ?), et se concentrer sur les relations qu'il noue au cours de la progression de l'histoire. Cela l'amène à maltraiter la structure de son film en rompant avec la linéarité et limitant les points de vue à celui de T. Newton (symbolique, le nom de Newton pour un homme tombé sur la Terre). On n'est jamais sur de la nature exacte du personnage de Bowie car tout est vu à travers le prisme de sa personnalité, et sa seule anomalie réelle est le fait qu'a priori son squeulette est perméable aux rayons X et encore cela est juste effleuré.

Cela donne du coup une force supplémentaire au film. Il aurait été d'ailleurs très simple à N. Roeg d'entériner la question en montrant ouvertement le vaisseau de son héros. Il choisit l'autre voie et cela lui permet de dresser une chronique de l'inadaptation, qui a d'autant plus de poids qu'elle est métaphorique. Les images de la supposée planète de Newton sont d'ailleurs clairement définies comme des rêves et peuvent être vues comme ce qu'il souhaiterait vraiment être. D'autant plus que sa compagne extra-terrestre est incarnée par Candy Clarck qui est également Mary-Lou, sa compagne terrestre. Celle-ci n'arrive d'ailleurs jamais à véritablement entrer en contact profond avec lui alors que dans ses rêves, le contact s'établit sans problème avec sa compagne pourtant à distance. La mise en scène éthérée et très visuelle de N. Roeg apporte d'ailleurs au film une sensation de rêve éveillé, qui nous pousse à continuer la lecture du film dans ce sens.

Il est d'ailleurs difficile pour un amateur de Science-Fiction classique d'apprécier ce film en tant que digne représentant de son genre préféré. N. Roeg n'utilise la science-fiction que pour la liberté créatrice qu'elle lui offre, et la possibilité de mettre en image de façon très originale les névroses d'un homme différent. Il est à noter tout de même quelques passages à la limite du ridicule (les casques de moto disco des tueurs, la partie de ping-pong), dues au goût immodéré de N. Roeg pour les visuels délirants. Le peu de soin qu'il apporte au réalisme et à la progression logique de son intrigue (l'apparition jamais expliquée ou même justifiée d'un groupe d'hommes qui mettra à mal l'organisation de Newton), prouve bien que son intérêt est ailleurs. Les relations difficiles et complexes que Newton entretient avec toutes les personnes qu'il croise sont le centre du film. Il n'arrive à communiquer avec personne, même ceux qu'il apprécie restent à sa surface (Mary-Lou). Seuls les rapports sexuels lui permettent d'avoir un véritable contact avec sa compagne et encore, si les étreintes amoureuses d'autres personnages sont clairement montrées, celles de Newton sont toujours suggérées.

Le côté destabilisant du film est renforcé par une utilisation ingénieuse de la musique et par les morceaux employés eux-mêmes. N. Roeg est un esthète et si autant de scènes de nus ou de relations sexuelles sont montrées, c'est car il les filme comme des oeuvres d'art (cf la scène entre D. Sutherland et J. Christie dans Don't Look Now). La sensualité se dégageant de ces passages leur ôte d'emblée toute vulgarité et permet à N. Roeg d'ancrer de façon certaine son film dans la catégorie de ceux qui s'intéressent aux personnes et à leurs actes, plus qu'à une intrigue bien définie. De même, une certaine étrangeté présente chez tous les acteurs lui permet d'entretenir un climat propice à toutes les hypothèses.

Une oeuvre plutôt déroutante au premier abord, dont on s'aperçoit de la complexité et de la finesse d'analyse après plusieurs visionnages. Il est effectivement nécessaire d'avoir d'abord décodé les passages métaphoriques et compris l'intrigue, pour pouvoir apprécier pleinement les qualités de ce film. De même, les personnes n'appréciant pas spécialement le cinéma des années soixante-dix et sa liberté de ton, son audace dans le montage et l'usage de la métaphore, auront le plus grand mal à accrocher à cette oeuvre. Pour les autres, vous aurez la possibilité de démonter le film au fur et à mesure de vos visionnages, lui découvrant plusieurs niveaux de lecture (Newton est-il un extra-terrestre ou non) et en fonction de celui abordé, découvrir les divers sens cachés et finalement les dénonciations et interrogations de cette oeuvre (le pouvoir, le sexe, la drogue). Un film assez typé des années soixante-dix qui mérite largement que l'on passe par-dessus les défauts liés au cinéma de cette époque pour y trouver une vraie richesse.


Image
Ce transfert nous offre l'image au format respecté de 2.35:1 d'après un transfert 16:9.

La définition générale de ce transfert est surprenante de qualité. L'interpositif est très propre et seuls rares points et traits apparaissent sporadiquement. La finesse des détails est d'un niveau impressionnant pour un film de cette époque et pourrait tenir la dragée haute à bien des transferts récents. Le rendu des couleurs (si primordial pour ce film) est somptueux. Celles-ci sont toujours parfaitement naturelles, saturées et constantes. La gestion du contraste est elle aussi de haute volée. Elle permet un rendu quasi parfait des scènes sombres tels qu'on le voit sur des transferts de film récents. Les noirs sont d'une pureté surprenante ce qui est plutôt rare pour un film de cette l'époque.

La partie numérique du transfert est du même niveau général et n'occasionne que très peu de pertubations. Seuls un peu de fourmillements sont à relever à certains moments.

Un transfert (THX si cela vous est important) de toute beauté qui respecte l'oeuvre en tirant au maximum sur les capacités du matériel source sans pour autant dénaturer son rendu en améliorant au delà du raisonnable ses qualités ou pire, en retouchant certains passages difficiles numériquement pour les mettre en accord avec la qualité standard du moment. Il faut qu'une fois le film restauré, il garde la patine de son époque et c'est ce résultat qu'a obtenu Anchor Bay avec cette édition.


Son
Les bandes-son disponibles sur cette édition sont uniquement en Anglais mais sous plusieurs formats : DTS ES, Dolby Digital 5.1 EX et Dolby 2.0 Surround.

La dynamique et la présence de ces trois bandes sont remarquables, non pas par rapport aux standards des productions actuelles mais par rapport à l'âge du film. Il s'agit de bandes-son remixées qui en respectent le style en lui apportant un surplus considérable d'assise et de spatialisation sans en rajouter inutilement. L'intégration des divers éléments sonores est vraiment excellente. La musique est à nouveau la grande gagnante de remixages multicanaux. Les enceintes arrières ne sont pas autant utilisées que sur les bandes-son récentes mais toujours de façon juste et mesurée, pour appuyer l'image, ouvrir l'espace sonore, et non distraire le spectateur. Les dialogues sont toujours parfaitement bien rendus sans aucune saturation ou perte d'intelligibilité lors des passages d'action. Attention cependant, le film étant dépourvu de sous-titres, il est parfois difficile de saisir toutes les subtilités des répliques, en grande partie à cause des accents des acteurs (donc sans que la qualité de la bande-son puisse être mise en cause). Les basses fréquences sont profondes et présentes tout au long du film, contribuant à faire de ces remixages des réussites.

Les trois bandes sont de qualité équivalente et seules les limitations techniques de chacun des systèmes permet d'établir une hiérarchie qui correspond à la qualité intrinsèque de chacune (l'avantage allant à la bande DTS ES).

Les sous-titres (cc) ne sont malheureusement disponibles qu'en anglais.

Un travail remarquable et intelligent qui prouve une fois de plus que les remixages multicanaux peuvent apporter un plus à une oeuvre à partir du moment où ils la respectent.


Suppléments/menus
Une section relativement décevante car on s'attendait à plus d'éléments et surtout que ceux-ci soient d'un intérêt supérieur.

Tous les suppléments sont présents sur le second disque, à l'exception des mires de réglages THX qui sont présentes sur le premier. Le nouveau documentaire de vingt-quatre minutes intitulé Watching The Alien est passionnant et très bien documenté. N. Roeg y revient en compagnie de certains de ses techniciens sur les difficultés rencontrées sur ce projet ainsi que sur ses intentions dans ce film. L'absence de D. Bowie est à déplorer, mais nous tenons à signaler qu'Anchor Bay est un éditeur indépendant qui n'a évidemment pas les mêmes moyens que les grands studios.

Le problème de cette édition est que ce documentaire constitue la seule et unique pièce intéressante de cette scetion. Sont également disponibles une bande-annonce de très bonne qualité technique, plusieurs bandes-annonces TV (sans intérêt, sinon celui de suivre une campagne marketing) et des photos en noir et blanc. A noter également la présence du scénario complet dans la sections DVD-ROM de ces suppléments.

Au final, cela fait somme toute léger pour justifier d'un second DVD dévolu spécialement aux suppléments. Cependant, nous soutenons totalement cette politique éditioriale car elle influe beaucoup sur la qualité genérale du transfert et de la bande-son, ce qui est absolument primordial. Il est néanmoins étonnant qu'un commentaire audio de N. Roeg n'ait pu être enregistré, d'autant plus qu'il est présent dans le documentaire et très enclin à s'exprimer sur son film.

Il faut aussi souligner le magnifique travail réalisé sur l'iconographie générale du disque (menus et jacquettes) et l'excellent texte présent sur le supplément papier disponible à l'interieur de cette édition.

Une section un peu décevante, non pour sa qualité, mais plus en termes de quantité et d'intérêt global (hormis le documentaire). Cela est dommage car il y a de fortes chances que cette superbe édition devienne celle de référence et finalement définitive pour ce film qui méritait plus d'explications.



Conclusion
Une édition DVD aux résultats audio et vidéo absolument remaquables. Une édition esthétiquement très soignée de la part d'Anchor Bay qui n'a malheureusement pas assez développé sa partie suppléments. Malgré cela, cet achat est recommandé car même si son rapport qualité/prix est plus bas que d'autres, le résultat global est excellent.

Un film profondément original et attachant. Les acteurs sont tous très crédibles, David Bowie en tête, et la réalisation de N. Roeg est visuellement splendide. Cependant, les personnes s'attendant à trouver un film de science-fiction traditionnel seront déconcertées. Le film est centré sur le personnage de Bowie et peu d'explications rationnelles quant à son but et son origine réels nous sont données. En fait, le film est plus l'étude de son inadaptation qu'une intrigue classique.

A voir donc par un public averti et ouvert d'esprit, qui découvrira alors un film unique qui développe une reflection passionnante sur le concept de l'étranger, rappelant davantage 2001, A Space Odyssey (1968) par son approche métaphysique et ses passages audiovisuels purs, que Star Wars (1977).




Qualité vidéo:
4,0/5
Qualité audio:
4,0/5
Suppléments :
2,5/5
Rapport qualité/prix:
3,0/5


Note finale:
3,4/5
 
Haut
specifications


Studio/Editeur
Twentieth Century Fox

Année
1976

Genre
Science-fiction

Réalisateur
Nicholas Roeg

Acteurs
David Bowie, Candy Clark, Rip Torn, Buck Henry

Nombre de disque
2 DVD-9 (simple face, double couche)

Durée
139

Format d'image
2.35:1

Transfert 16:9
Oui

THX
Oui

Bande(s)-son
Anglaise DTS ES, Anglaise Dolby Digital 5.1 EX, Française Dolby Digital 5.1

Sous-titres
Anglais

Suppléments
Un documentaire de 24 minutes, la bande annonce du film, materiel promotionnel, filmographies et section dvdrom



Date de parution
2004-04-20

Auteur: Stefan Rousseau

Publication: 2003-03-06

 
 
Système utilisé pour cette critique
Projecteur Sharp XV Z9000, Lecteur de DVD Toshiba SD500, Recepteur Denon, Enceintes Triangle, Câbles Banbridge et Real Cable.
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