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DVDEF

Ruby Gentry

Critique
Synopsis/présentation
King Vidor est un réalisateur assez peu connu bien qu'il ait signé des films remarquables, n'ayant cependant jamais rencontré un succès public sidérant hormis durant la période où il travailla avec (ou plutôt sous les ordres de) le producteur
David O'Selznick. Sa carrière est pourtant prolifique avec 61 films en tout de même 46 ans de carrière, et surtout il a connu toutes les grandes révolutions du 7ème de 1913 à 1959. Cependant, la gloire et le statut qu'il avait atteints pendant l'ère du muet ne se concrétiseront que près de 20 ans plus tard lorsque Vidor prendra une dimension clairement plus lyrique et flamboyante. Afin de fournir des repères, même ténus, nous vous conseillons les oeuvres suivantes dans sa filmographie : Thez Big Parade (1925), The Crowd (1928), Show People (1928), Duel in the Sun (1946), The Fountainhead (1949), Ruby Gentry (1952), Man without a Star (1955).

La jeune, sexy et pauvre Ruby (Jennifer Jones) est amoureuse du beau Boake Tackman (Charlton Heston). Celui-ci sera marié par sa riche famille à une autre jeune femme plus "convenable" et ce malgré la passion évidente qui les rapproche irrésistiblement. Ruby épousera alors le sympathique et prospère Jim Gentry (Karl Malden), qu'elle finira par tromper avec Boake dès que l'occasion s'en présente, et ce malgré le fait qu'elle paraisse heureuse avec Jim. Mais la société de la petite ville du Sud n'acceptera jamais Ruby du fait de son rang social. Suite au décès accidentel de Jim, Ruby deviendra l'une des femmes les plus influentes de l'endroit et se vengera de tous ceux qui l'ont rejetée, mais le puritanisme malsain du sud américain finira par prendre le dessus.

Ce scénario intensément dramatique peut paraître comme une accumulation de pathos parfois trop chargée mais curieusement, grâce à un dosage équilibré entre les divers éléments, jamais le film n'ennuie et ne fait décrocher son spectateur. Au contraire, malgré l'aspect très soap-opera par moments, l'intérêt est constant car King Vidor est un réalisateur de talent qui sait montrer de la compassion pour son personnage principal malgré son caractère peu engageant. En fait le déséquilibre du film provient des éléments apportés par Selznick qui avait déja imposé sa vision des choses sur Duel in the Sun, au point que Vidor avait un moment quitté le tournage, le film ayant été fini par d'autres cinéastes. Celui-ci en avait marre d'avoir un producteur en permanence sur son dos qui contrôlait tout, lui expliquait littéralement son métier mais aussi guidait les comédiens vers l'emphase. Mais ce qui fonctionnait bien dans Duel in the Sun s'avère moins réussi dans Ruby Gentry et si quelques grandes scènes parsèment le film, il faut bien reconnaître que Ruby Gentry n'est jamais traversé par le même souffle que son ainé.

En fait, le problème vient aussi des acteurs principaux qui ne semblent ni l'un ni l'autre jouer juste. Jennifer Jones a souvent tendanace à en faire trop dans le style jeune fougueuse à la volonté inflexible, abusant de poses suggestives ou de réactions explosives. Mais elle a ses grands moments dans le film, surtout lorsqu'elle entame sa série de vengeances salvatrices où curieusement elle apparaît alors froide et déterminée. Charlton Heston est par contre vraiment mauvais dans son rôle. S'il possède de façon évidente le physique parfait pour ce rôle de jeune premier fougueux mais finalement très conventionnel, il semble en permanence être engoncé dans son propre corps. Toute sa gestuelle et son jeu en général sont très empruntés et il se dégage du coup de sa performance une gaucherie qui dessert totalement le personnage. Le reste du casting assure lui parfaitement son rôle, de même que la musique qui n'a rien d'extraordinaire pourtant. La photographie de Russell Harlan, toute en contrastes, est en parfait accord avec le projet du film et Vidor l'utilise au mieux. Si la mise en scène est "classique" dans le bon sens du terme, Vidor arrive à ménager quelques scènes intenses très réussies qui marquent visuellement (les premieres retrouvailles de Ruby et Boake, lorsque Ruby "noie" les terres de Boake, la traque finale dans le marais). Il rend également presque palpable le poids social qui pèse sur l'esprit combattif de Ruby, grâce à des touches subtiles.

Voici donc un film qui n'est certes pas inoubliable du fait d'un scénario assez grandiloquent et d'acteurs pas forcément très inspirés, mais que King Vidor grâce à son talent et son métier réussit à rendre intéressant. Ainsi, malgré les réserves énoncées plus haut, il s'agit là d'un film que nous sommes prêts à revoir d'ici quelques temps, alors que pour des films globalement plus réussis nous n'éprouvons pas cette envie, ce qui est flatteur pour King Vidor.



Image
L'image est proposée au format respecté de 1.33:1 d'après un transfert 4:3.

La définition générale est d'un très bon niveau, d'autant plus étonnant si l'on prend en compte l'âge du film. L'interpositif est vraiment propre, seuls quelques légers points et traits étant discernables si on les cherche. A noter que la qualité globale de ce transfert fait d'autant plus ressortir le grain de certain "stock-shots" utilisés dans le film. Le contraste est remarquablement géré et évite toutes brillances. Les parties sombres du film sont impeccablement rendues grâce à des noirs vraiment purs et profonds et à l'excellent contraste. La qualité de reproduction de l'échelle de gris est de haut niveau et permet d'apprécier le film dans des conditions idéales.

Un transfert de très bonne qualité qui ne semble pas pour autant avoir été restauré en profondeur, preuve qu'en faisant attention à la conservation des films, il est possible de garder une excellente qualité à travers les années.


Son
La seule bande-son disponible sur cette édition est en Anglais (Dolby Digital 1.0 mono).

Sa dynamique est d'un bon niveau ce qui est assez surprenant pour un film de cette époque. Sa présence et sa spatialité sont plus développées et efficaces que ce à quoi on aurait pu s'attendre. La musique est correctement restituée et intégrée au reste de la bande-son. Les dialogues sont en permanence parfaitement intelligibles et aucune trace de distortions ou de parasites n'est à déplorer. Les basses fréquences sont étonnamment présentes et effectives pour une bande son monophonique de 1952 et cela appporte un plus idéniable au rendu général. Les sous-titres sont disponibles en Anglais, Français et Espagnol.

Une bande-son d'une qualité surprenante, qui permet de profiter du film dans des conditions idéales.


Suppléments/menus
Le désert complet puisque qu'aucun supplément, pas même une bande-annonce à se mettre sous la dent. Il est quand même dommage qu'en 2004, cette bande-annonce ne soit pas devenu un minimum (même si c'est bien peu en soi), surtout de la part des grands studios.




Conclusion
Une édition DVD d'une qualité surprenante et ce aussi bien au niveau audio que vidéo. Malheureusement, il n'y a aucun supplément...

Ruby Gentry est un mélodrame excessif avec ce que cela comporte de bonnes et mauvaises choses. C'est un film agréable à regarder grâce au sens de la mise en scène de Vidor et il faut le reconnaître, grâce au côté outré mais intense des touches de Selznick. Ceci dit, son "modèle" le western flamboyant Duel in the Sun, lui est clairement supérieur.


Qualité vidéo:
3,9/5

Qualité audio:
3,8/5

Suppléments:
0,0/5

Rapport qualité/prix:
3,2/5

Note finale:
3,5/5
Auteur: Stefan Rousseau

Date de publication: 2004-11-10

Système utilisé pour cette critique: Projecteur Sharp XV Z9000, Lecteur de DVD Toshiba SD500, Recepteur Denon, Enceintes Triangle, Câbles Banbridge et Real Cable.

Le film

Titre original:
Ruby Gentry

Année de sortie:
1952

Pays:

Genre:

Durée:
82 minutes

Réalisateur (s):

Acteur (s):

Le DVD / Blu-ray

Pochette/couverture:

Distributeur:
MGM

Produit:
DVD

Nombre de disque:
1 DVD-9 (simple face, double couche)

Format d'image:
1.33:1

Transfert 16:9:
Non

Certification THX:
Non

Bande(s)-son:
Anglaise Dolby mono

Sous-titres:
Anglais
Français
Espagnol

Suppéments:
Aucun

Date de parution:
2004-10-19

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