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DVDEF

Lawrence of Arabia (Superbit Edition)

Critique
Synopsis/présentation
David Lean est un réalisateur britannique qui tourna majoritairement avec des acteurs anglais et qui pourtant paradoxalement voit ses trois oeuvres les plus célèbres bien placées dans la liste des 100 meilleurs films américains, Lawrence of Arabia (1962) 5ème, The Bridge on the River Kwai (1957) 13ème et Doctor Zhivago (1965) 39ème.

Pourtant, David Lean fut d'abord connu pour une oeuvre qui est à l'inverse quasi total de celles précitées, Brief Encounter (1945). L'intimisme de la mise en scène et le sujet qui y est abordé (la tentation de l'adultère chez une jeune femme) en font un film passionnant qui sera suivi par deux adaptations académiques et guindées de Dickens, Great Expectations (1946) et Oliver Twist (1948).
Ses films suivants seront à nouveau trop retenus et leur froideur a tendance à éloigner le public.

Ce n'est que lorsqu'il invente une nouvelle façon de concevoir les superproductions, avec The Bridge on the River Kwai, qu'il renouera avec le succès et sera enfin reconnu par ses pairs qui lui décerneront pas moins de sept Oscars dont celui du meilleur réalisateur.
Il eut l'idée géniale mais difficile à mettre en oeuvre de conjuguer l'action à grand spectacle avec un contexte historique et des personnages forts, fouillés, aux conflits internes complexes et à la volonté d'acier.
Il s'adjoint la collaboration de très grands acteurs et de techniciens hors pair et ce faisant invente son propre genre qu'il sera par ailleurs le seul à exploiter tant les copies, qui n'ont pas manquées d'en être faites, n'arriveront jamais à retrouver le fragile équilibre entre les divers ingrédients qui ont fait son succès et sa réputation.

Lawrence d'Arabie (1962) est le plus intense et le plus impressionnant des trois films précités. On y suit le parcours du jeune T E Lawrence au sein de l'armée britannique en Afrique du Nord au cours de la première guerre mondiale. Au départ simple cartographe au tempérament original et décalé, il se verra proposer la mission périlleuse mais passionnante d'être détaché en tant qu'observateur auprès du Prince Feisal (Alec Guiness). Il doit cette affectation providentielle à sa passion pour le désert et ses habitants et surtout à sa connaissance de leurs moeurs et de la situation géopolitique de la région.
Il prendra tellement goût à sa mission qu'il conduira, pour le compte du Prince Feisal, la révolution arabe assisté dans cette lourde tache par Sherif Ali (Omar Sharif) et le brigand Auda abu Tayi (Anthony Quinn). Il deviendra une véritable légende vivante pour tous les Arabes qui en feront le leader de leur mouvement auquel il semble encore plus croire qu'eux. L'état major anglais tentera de se servir de lui pour arriver à ses fins, malgré son côté totalement imprévisible et non maitrisable.

David Lean signe un film d'aventure d'une ampleur inégalée et réussit dans le même temps le portrait sans concessions d'un homme ambigu ainsi que celui d'une nation en pleine construction. La durée inhabituelle de l'oeuvre (227 mins.) renforce encore l'aspect épique de celle-ci, qui dépayse ses spectateurs grâce aux splendeurs du désert magnifiées par la photographie inoubliable (et qui mérite amplement tous les superlatifs) de Freddie Young. La beauté des images serait loin d'avoir le même impact si elles n'étaient accompagnées et illustrées par la magistrale et inoubliable composition de Maurice Jarre, qui réussit à transformer en notes les sentiments ressentis par Lawrence au coeur du désert.

Contrairement à d'autres cinéastes qui se seraient amplement contentés de telles qualités, Lean va plus loin et s'intéresse à son héros et ses états d'âme, et dans le même temps analyse les mécanismes de la gloire, de l'adoration et les effets qu'ils peuvent avoir sur une personne. Lawrence va devenir El Lawrence pour les bédouins qu'il a conquis grâce à son courage et sa détermination sans failles. Ceux-ci sont éblouis par cet Anglais plutôt chétif et très blanc de peau qui s'adapte pourtant si bien à leur milieu naturel hostile qu'il adore, le désert. Le monde entier le sera par la suite, grâce aux reportages dithyrambiques que fera un journaliste américain en manque de figure héroique. Lawrence, ravi de cette situation, jouera beaucoup avec sa propre image jusqu'à s'en retrouver prisonnier et cela le perturbera beaucoup plus qu'il ne l'avait prévu.

L'autre personnage principal du film est le désert, filmé comme jamais, montré dans ses beautés comme dans ses aspects les plus dangereux, qui finit par fonctionner comme une métaphore de l'esprit de Lawrence dont il a deboussolé les sens et la raison. Lawrence se cherche et n'arrive pas à cerner ses propres envies et sa nature profonde, et la difficulté de vivre dans le désert, son immensité et pour finir son vide font écho de superbe façon à son périple.

Les personnages ne sont jamais caricaturaux et le peuple arabe comme le commandement britannique sont montrés sous un jour objectif, ce qui confère d'autant plus de poids et d'intérêt à cette fresque magnifique. La finesse d'esprit des personnages les plus importants est primordiale car elle donne le ton du film, ambigu et protéiforme, à l'image de son héros et de la situation décrite. L'ironie de Lean vis à vis de la politique est parfaitement relayée par la sagesse et le côté insaisissable du Prince Feisal et la fougue et la soif d'apprendre de Sherif Ali. Ces deux personnages contrastent d'ailleurs beaucoup avec Lawrence par le fait qu'ils ont trouvé leur voie et qu'ils rendent ses tentatives de découverte de lui-même encore plus poignante et finalement tragique.

Une oeuvre d'une intelligence rare pour une telle superproduction qui laissera sans aucun doute un goût amer à certains spectateurs car elle ne répond à aucune des questions qu'elle soulève et son final équivoque laisse planer de nombreux doutes. Lean a réalisé un film qui compte parmi les plus spectaculaires et visuellement splendides de l'histoire du cinéma, le plus épique à coup sur mais également le portrait minutieux d'un homme énigmatique et fascinant, celui d'un peuple fier et passionnant ainsi qu'une réflexion amère mais juste sur le pouvoir et les affres de la gloire.
La durée hors normes du film ne doit surtout pas rebuter les plus frileux d'entre vous car bien que le rythme ne soit pas rapide, Lean a pris soin de bien répartir l'action de façon à maintenir l'attention de ses spectateurs.

Nous vous conseillons vivement le visionnage de ce film indispensable s'adressant à tous les publics (et tous les âges) de par la multiplicité de ses qualités et des sujets qu'il traite brillamment.


Image
L'image est présentée au format respecté de 2.20:1 d'après un transfert 16:9.
A noter qu'étant donnée la longueur de l'oeuvre, le film est réparti sur deux disques DVD.

La définition générale est absolument remarquable et s'avère être un sérieux bond en avant par rapport à la précédente édition. L'interpositif est encore plus propre même s'il reste quelques points et traits discrets tout au long du film. Le seul défaut qui subsiste réellement est la présence de bandes blanches verticales se déplaçant latéralement sur quelques scènes.
La finesse des détails est résolument exceptionnelle pour un film de 1962 et permet d'apprécier au maximum la composition impeccable des magnifiques images du film.

Le rendu des couleurs a autant progressé que la définition. Elles sont plus naturelles et surtout beaucoup plus saturées, redonnant une impression de vie à l'image qui paraît beaucoup plus terne et fade sur l'ancienne édition. Les tons de peau sont plus justes et le désert est beaucoup plus réaliste. Les couleurs sont également plus constantes et sans aucun débordement.
Le contraste est parfaitement géré, évitant du même coup toutes les brillances.

Les parties sombres sont merveilleusement rendues grâce à des noirs vraiment purs et profonds. La qualité très élevée des dégradés permet de pouvoir profiter pleinement de la photographie de Freddie Young.

La partie numérique frôle la perfection mais malheureusement il reste toujours des passages souffrant de surdéfinition des contours.
Aucun autre défaut du à l'encodage n'est visible, ce qui rend encore plus dommage la présence de cette surdéfinition.

Un transfert absolument formidable qui représente un net progrès par rapport à l'ancienne.


Son
Les deux bandes-son présentes sur cette édition sont respectivement en Anglais (DTS 5.1) et Anglais (Dolby Digital 5.1).

Leur dynamique est limitée aux deux extrémités du spectre mais cela est logique quand on prend en considération l'âge du film.
Leur présence et leur spatialité est d'un bon niveau sans toutefois atteindre celui des bandes-son actuelles. Cela est preuve du respect qu'ont eu les ingénieurs du son pour le matériau originel.

La sublime et inoubliable musique de Maurice Jarre est impeccablement rendue est parfaitement intégrée au reste de la bande-son. Les enceintes arrières sont relativement peu utilisées mais toujours avec parcimonie et efficacité conjuguées. Elles s'animent surtout lors des passages musicaux ou des scènes de batailles et dans ce cas ouvrent bien l'espace sonore.
Les dialogues sont toujours parfaitement intelligibles mais font parfois preuve de légères distortions lors des passages les plus animés. Cela n'est jamais vraiment gênant mais reste audible.
Les basses fréquences comme les plus hautes sont la partie faible de cette bande-son. Elles sont présentes mais manquent de profondeur et de punch pour réellement transfigurer le rendu des scènes les plus animées.
Les deux bandes-son s'avèrent très proches mais un léger avantage est acquis au DTS qui offre un mixage plus équilibré et une meilleure sensation d'espace et d'ouverture.

Les sous-titres sont disponibles en Anglais, Français, Espagnol, Portugais, Chinois, Coréen et Thaïlandais.

Deux bandes-son de qualité auxquelles il manque un peu d'énergie pour arriver à se hisser à la hauteur qualitative de l'image. Néanmoins, en l'état, il s'agit de deux excellents remixages pour lesquels les ingénieurs ont peut-être un peu trop privilégié le respect de la piste originale par rapport à l'efficacité.


Suppléments/menus
Aucun supplément n'est disponible sur cette édition conformément au cahier des charges de la collection Superbit.
Il est cependant dommage que la Columbia Tristar n'ait pas décidé de rajouter un troisième DVD contenant les excellents suppléments présents avec la première édition.



Conclusion
Une édition qui représente un vrai bond en avant par rapport à la précédente. La partie image est celle qui profite le plus du nouveau transfert et de son encodage de qualité supérieure. La partie audio est de très bonne qualité mais pas aussi réussie que l'image.
Le seul reproche que l'on puisse faire à cette édition (et encore !), c'est d'avoir coupé le film à sa moitié pour passer au second DVD, ne respectant donc pas l'intermède original. Il est certain que de suivre la vraie coupure aurait eu un impact non négligeable sur la qualité du premier disque, il est cependant dommage de ne pas avoir continué la scène jusqu'à sa fin plutôt que d'arrêter le film en pleine action. Nous ne pouvons que conseiller l'achat de cette édition pour ceux qui ne possèdent pas la précédente ou souhaitent la meilleure qualité audio et vidéo.

Une oeuvre légendaire dont la réputation de chef d'oeuvre du 7ème art est parfaitement justifiée. David Lean y fait preuve d'un sens de la mise en scène en tous points admirable et surtout d'une vraie vision épique, qui paraît comme une qualité perdue dans le cinéma actuel. La musique de Maurice Jarre et la photographie de Freddie Young ont su magnifier les splendides décors naturels et sont donc pour beaucoup dans ce sentiment de grandeur dégagé par le film.
Peter O'Toole est littéralement habité par son rôle et porte le film sur ses épaules, il est Lawrence d'Arabie. Tous les autres acteurs nous offrent également des prestations mémorables et cela concourt à l'adhésion totale de la plupart des spectateurs.
La véracité historique n'est pas le souci de David Lean qui est plus intéressé par les dilemmes de la mystérieuse personnalité de son héros que par la recréation fidèle d'épisodes de l'histoire.

Une oeuvre cumulant de façon aussi homogène et maîtrisée le film d'aventure épique, le combat d'un homme exceptionnel contre ses démons intérieurs et la fresque historique (même avec ses approximations) ne connaît pas d'équivalent dans l'histoire du cinéma, si ce n'est dans The Bridge on the River Kwai (1957) du même David Lean. Une raison de plus pour découvrir ou redécouvrir ce classique hors du commun et indémodable.


Qualité vidéo:
4,3/5

Qualité audio:
3,8/5

Suppléments:
1,0/5

Rapport qualité/prix:
4,3/5

Note finale:
4,1/5
Auteur: Stefan Rousseau

Date de publication: 2003-10-16

Système utilisé pour cette critique: Projecteur Sharp XV Z9000, Lecteur de DVD Toshiba SD500, Recepteur Denon, Enceintes Triangle, Câbles Banbridge et Real Cable.

Le film

Titre original:
Lawrence of Arabia

Année de sortie:
1962

Pays:

Genre:

Durée:
227 minutes

Réalisateur (s):

Acteur (s):

Le DVD / Blu-ray

Pochette/couverture:

Distributeur:
Columbia Tristar

Produit:
DVD

Nombre de disque:
2

Format d'image:
2.20:1

Transfert 16:9:
Oui

Certification THX:
Non

Bande(s)-son:
Anglaise DTS
Anglaise Dolby Digital 5.1
Allemand Dolby mono

Sous-titres:
Anglais
Français
Espagnol
Portugais
Chinois
Coréen
Thailandais

Suppéments:
Aucun

Date de parution:
2003-09-09

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