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DVDEF

Yakuza, The

Critique
Synopsis/présentation
Sydney Pollack est un artiste touche à tout “à l’américaine” qui s’avére aussi doué en tant que réalisateur ou acteur.
Il faut bien reconnaître cependant que sa deuxiéme partie de carrière aura nettement moins marquée les esprits que ses débuts ou des œuvres aussi décalées et réussies que Castle Keep (1969), They shoot horses don’t they ? (1969), Jeremiah Johnson (1972), The Yakuza (1974), The three days of the Condor (1975) ou encore Tootsie (1982) l’ont fait connaitre du grand public comme un réalisateur extrémement solide ainsi qu’un conteur intelligent et profond à défaut d’un cinéaste de génie.
The Yakuza est une œuvre a plus d’un titre surprenante, ne serait ce déjà que par son sujet plutôt inhabituel à l’époque, ainsi que son traitement et ses méthodes de tournage qui en font une œuvre unique dans les années 70.
L’occupation américaine du Japon à été plus d’une fois traitée à l’écran mais ses conséquences tardives beaucoup moins. Il faut aller chercher du côté de Samuel Fuller et de son House of Bamboo (1955) pour retrouver le théme d’un américain « typique » (mais qui connaît la culture japonaise) qui se retrouve confronté aux spécificités de la société japonaises d’après guerre.

Pollack semble très intéréssé par le « clash » des cultures mais d’une façon subtile et intelligente très typique du cinéma américain des années 70 qui privilégiait alors la complexité au spectaculaire. Ainsi le personnage de Mitchum est double, à la fois très américain dans ce que l’acteur, le mythe Mitchum transporte de l’ »américanité » la plus pure mais représente également un homme subtil et intelligent capable de chercher à comprendre et s’adapter à une culture totalement différente de la sienne.
Ainsi l’attitude de Mitchum tout au long du film, est à la fois celle d’un héros hard boiled (qui parle peu et fait parler la poudre lorsque sa coupe est pleine) mais également celle d’un homme qui par amour à su se mettre à l’écoute d’une culture autre avec tout ce que cela comprend d’humilité et d’abnégation.

Cette vision des choses passionnantes est à mettre au crédit des deux scénaristes exceptionnels que sont Paul Schrader (que l’on sait passionné du Japon avec son « Mishima » et fasciné par les personnages torturés) et Robert Towne (un maitre dans l’art d’écrire des scénarios à la fois complexes et limpides tels celui de Chinatown). Les deux hommes forment un tandem remarquable, offrant à Pollack un matériau riche et subtil, à la fois original dans les situations proposées (du moins pour un occidental non familier de la culture japonaise, ce qui était rare à l’époque) et référentiel lors de nombreuses scénes, mais référentiel d’un certain type de cinéma japonais d’exploitation alorts très peu connu en occident.

Contrairement à Ridley Scott dans Black Rain qui signera un polar banal ou un superflic américain va tenter d’imposer ses valeurs au Japon, Pollack et ses scénaristes choisissent eux la voie de l’adaptation, du vrai melting pot de valeurs sans céder au sirénes de la fascination totale et non objective pour le Japon. Fascination que Tarantino n’aura pas la subtilité de tempérer dans ses deux Kill Bill ou l’on justement le cinéaste totalement fasciné par le cinéma japonais mais qui manque cruellement de connaissance sur les vraies traditions japonaises pour offrir autre chose qu’une vision américaine d’un genre cinématographique japonais.

Pollack part donc tourner au Japon, mais ne s’arrête pas la et tourne avec des techniciens japonais également ce qui lui permet de totalement s’immiscer dans le pays et d’en mieux ressentir puis comprendre les particularités.
Ainsi The Yakuza est une œuvre hybride qui ne ressemble à aucune autre, que ce soit par son rythme qui est un mélange entre la lenteur contemplative japonaises (il s’agit certes d’un cliché limitatif mais qui est cependant bien réel) et une progression de récit plus pragmatique à l’américaine. Cette dichotomie ira jusqu'à parasiter les scénes d’action du climax dans un curieux mais intéressant et efficace mélange de styles, entre les coups de feu tous azymuts de mitchum et les coups de sabre précis et mortels de Tatakura.
Le cœur du film pour Pollack et ces scénaristes est vraiment la difficulté de s’adapter à un environnement et une culture autres. Le personnage de Mitchum et de ses amis qui pensaient pourtant bien connaître le Japon après qu’ils y aient vécus durant l’occupation américaine ne sont pas au bout de leurs surprises.
L’histoire d’amour au centre du film en sera curieusement absente de façon très nippone, c'est-à-dire que sa présence se fait sentir tout au long du film mais l’ont voit rarement Mitchum et Keiko Kishi ensemble.
De façon intelligente cette thématique qui aurait forcément parut un peu légère et éculée comme point central de l’œuvre est subtilement remplacée par des notions d’honneur typiquement japonaises et liées au film de Yakuza, genre auquel le film se référe aussi bien visuellement que thématiquement.
Il est certain que depuis la déferlante de cinéma asiatique de façon large, toutes ces notions ont été reprises mais surtout édulcorées autant que faire se peut par un cinéma occidental en bute avec les grands paradoxes de la société japonaise. Ainsi pour le spectateur occidental actuel qui ne connaît la façon de penser japonaise qu’a travers des films américains, cette philosophie en réalité si éloignée de la notre, est résumée à quelques préceptes qui sont un mélange improbable et détestable de toutes les façons de pensées asiatiques (pourtant si différentes entre elles).
Les idées d’honneur, d’obligation et de dette morale sont en effet le véritable moteur de ce polar qui n’en est pas vraiment un (pas plus qu’il n’est un film de Yakuza). Et l’explication, l’occidentalisation qu’en propose le film est vraiment passionnante au sens ou elle ne simplifie pas mais au contraire englobe cette pensée dans toute sa complexité, n’épargnant pas au spectateur une forte impression de paradoxalité absurde. Et c’est justement dans un final bouleversant que Pollack va montrer à quel point il à su s’intéresser et comprendre ces concepts.

Beaucoup de jeunes spectateurs ne pourront être que déçus par une œuvre qu’ils jugeront bien trop lente et complexe à leur gout. Du fait de cette occidentalisation forcenée du Japon qu’opére le cinéma occidental depuis longtemps mais également de cette américanisation profonde du cinéma Japonais, The Yakuza semblera à beaucoup une œuvre anachronique et décalée tant elle offre une vision différente.
Nous vous conseillons vivement le visionnage de ce film qui vous dépaysera pour peu que vous soyez réceptifs à son style et surtout à l’expérience qu’il propose. Le spectateur doit s’ouvrir intellectuellement afin de recevoir le film dans de bonnes conditions et ne serait ce qu’en cela The Yakuza est déjà une œuvre qui mérite le respect. Nous ne pouvons que maintenant souhaiter que des cinéastes actuels proposent ce type d’œuvre qui nous semble anticiper la mondialisation dans sa volonté de faire connaître une autre culture sans pour autant la dénaturer pour la rendre compréhensible et acceptable ou bien de la rendre hermétique et dédaigneuse sans y préparer son public.





Image
L’image est proposée au format respecté de 2.35 :1 d’après un transfert 16:9.

La définition générale est surprenante de qualité pour une œuvre de 1974 pour laquelle on se serait contenté d’un rendu moins précis.
L’interpositif est également d’une propreté vraiment agréable même si quelques points et traits jamais gênants rappellent l’age du film. De même le grain présent lors de certaines scénes leur offre un rendu très cinéma et confére à l’ensemble un très agréable rendu typique du cinéma américain des années 70.
Le rendu des couleurs est surprenant de qualité, elles sont juste, constantes et parfaitement saturées.
Le contraste est lui aussi impeccablement géré, ne générant aucune brillance.
Les scénes sombres sont bien rendues grace à des noirs suffisamment purs et profonds mais qui à notre gout aurait cependant être un peu plus poussés.
La partie numérique enfin ne génére aucun défaut notable si ce n’est lors des scénes en extérieur une quantité tout à fait acceptable et compréhensible de bruit vidéo.

Un transfert donc de toute beauté qui rend admirablement justice à l’étrange beauté de ce film à part (malgré quelques légers défauts tout à fait oubliables) pour lequel nous félicitons la Warner.





Son
Les deux bandes-son disponibles sur cette édition sont respectivement en Anglais (Dolby 1.0 mono) et Français (Dolby 1.0 mono).

La dynamique de la bande-son Anglaise est d’un niveau certes limité mais tout à fait acceptable pour une œuvre de cette époque. Il en est de même pour sa présence et sa spatialité qualitativement au dessus de ce que l’on était en droit d’attendre.
La très belle musique est bien rendue malgré les limitations dues au format monophonique.
Elle est par ailleurs parfaitement intégré au reste de la bande-son.
Les dialogues sont en permanence parfaitement intelligibles et aucune traces de parasites ou distortions génantes ne sont audibles à moins de pousser le volume au dela du raisonnable.
Les basses fréquences sont logiquement absentes mais ne font jamais défaut à un bande-son qui à de toute façon été pensée sans leur présence.

La bande-son monophonique française est bien en dessous de son homologue anglaise offrant un rendu étouffé et creux, sans parler d’un doublage frolant souvent le ridicule.

Les sous-titres sont disponibles en Anglais et Portugais uniquement et nous ne pouvons que déplorer la décision de la Warner de ne pas inclure de sous-titres français alors même que l’édition offre une bande-son française de qualité médiocre qui ne satisfairat surement pas les cinéphiles français.

Une bande-son de qualité qui comme l’image offre une qualité vraiment appréciable pour une œuvre de cette époque dont nous ne pouvons que féliciter la Warner.




Suppléments/menus
Nous avons été agréablement surpris de trouver la présence d’un commentaire audio et d’un documentaire d’époque sur une édition que nous attendions dénuée de tout cela.
Le commentaire audio de Sidney Pollack est absolument passionnant au sens ou le cinéaste aborde de très nombreux points qui permettent de mieux appréhender son œuvre. Cependant malgré une diction agréable, il faut reconnaître que les nombreux et longs blanc laissés par Pollack rendent l’écoute complête de ce commentaire ardue, ce qui est fort dommage vu sa qualité. Il aurait peut être été judicieux d’accompagner Pollack d’un journaliste qui aurait pu faire un comparatif qui s’impose entre la vision américaine actuelle du cinéma asiatique et celle qu’en avait Pollack à l’époque de Yakuza.

Le documentaire d’époque « Promises to keep » (19 mins) est intéressant car il propose de voir Pollack au travail (et ce tournage ne fut pas de tout repos pour lui) ainsi qu’une synthése de ses intentions sur le film. Le ton est clairement promotionnel mais ne franchit jamais les limites de la pure opération marketing autosatisfaite comme cela est malheureusement quasi constamment de mise sur les suppléments actuels.

Nous ne pouvons que féliciter la Warner d’avoir intégré des supplément sur cette édition même si à notre gout il manque soit un co-commentateur pour combler les vides laissés par Pollack ou bien un documentaire faisant le point sur la vision du Japon et de son cinéma par les Etats-Unis tant l’intéraction entre la culture cinématographique de ces deux pays est grande et fascinante.






Conclusion
Une édition de qualité surprenante pour une œuvre superbe mais qui nous paraissait oubliée et mésestimée. La qualité audio et vidéo est au rendez-vous de même que celle des suppléments malgré les réserves citées plus haut. Nous vous conseillons donc vivement l’achat de cette excellente édition d’une œuvre passionnante.

The Yakuza est une œuvre qui synthétise la qualité globale du cinéma américain des années 70, sa volonté de sortir des sentiers battus pour proposer une vision complexe et profonde de sujets différents. Le film de Pollack offre une vision unique du Japon, intelligente et paradoxale à l’image du pays sans pour autant en oublier son américanité mélée de façon remarquable. Nous recommandons vivement ce film à tous les cinéphiles qui souhaiterait découvrir une vision réaliste et juste du Japon à travers les yeux d’un occidental fasciné mais partial sur cette culture unique.




Qualité vidéo:
4,1/5

Qualité audio:
3,8/5

Suppléments:
3,6/5

Rapport qualité/prix:
4,0/5

Note finale:
3,9/5
Auteur: Stefan Rousseau

Date de publication: 2007-03-26

Système utilisé pour cette critique: Projecteur Sharp XV Z9000, Lecteur de DVD Toshiba SD500, Recepteur Denon, Enceintes Triangle, Câbles Banbridge et Real Cable.

Le film

Titre original:
Yakuza, The

Année de sortie:
1974

Pays:

Genre:

Durée:
112 minutes

Réalisateur (s):

Acteur (s):

Le DVD / Blu-ray

Pochette/couverture:

Distributeur:
Warner Bros.

Produit:
DVD

Nombre de disque:
1 DVD-5 (simple face, simple couche)

Format d'image:
2.35:1

Transfert 16:9:
Oui

Certification THX:
Non

Bande(s)-son:
Anglaise Dolby mono
Française Dolby mono

Sous-titres:
Anglais
Portugais

Suppéments:
Commentaire audio, documentaire

Date de parution:
2007-01-23

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