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DVDEF

Complete Mr. Arkadin, The

Critique
Synopsis/présentation
Orson Welles malgré ce que son immense réputation (totalement justifiée pour une fois) pourrait laisser croire n’a connu qu’un temps des moyens à la hauteur de ses ambitions.
De toutes ses œuvres seules quelques unes furent officiellement terminées et conforme à la volonté de leur auteur. Car Welles est le métre étalon du cinéaste/auteur/monteur (et souvent acteur génialissime), artiste total qui sacrifiait tout à sa vision des choses mais que connu que rarement la satisfaction de livrer un produit « fini ».
Mr Arkadin/Confidential Report est son œuvre qui connut le plus de problémes de production et qui au final se trouve être la plus mutilée. Cela n’empêche en rien l’aspect éminement personnel du film de sauter au visage des spectateurs et force est de reconnaître que comme d’autes œuvre de Welles qui ont été remaniées par ses producteurs (The magnifiscent Amberson, Lady of Shangai, Touch of Evil pour ne citer que les plus célèbres), le résultat est absolument brillant sur tous les plans.

Certes hormis Citizen Kane pour lequel il à eu toute liberté et le droit au montage final, il faut bien avouer qu’on ne connaît donc que très peu de ses œuvres de studio tel que les avait conçu Welles. Souvent les différences peuvent apparaitrent minimes mais étant donné son sens du détail et sa science du montage (image comme son qui sont primordiaux dans son cinéma) cela est d’autant plus dommageable que la qualité des films que l’on connaît est déjà immense.
Mr.Arkadin est un pur concentré de toutes les thématiques et les obsessions visuelles de Welles qui par conséquent pourra agacer ceux qui ne goutent que peu ses envolées baroques et son obsession du passé ainsi que des faux-semblants.
L’origine volontairement « pulp » (au même sens que Pulp Fiction s’inspirait des romans dits « pulp ») et sériale aura aussi pour effet de rabaisser cette œuvre aux yeux des plus exigeants qui y trouverons une sorte de « batardisation » du talent de Welles qui se laisse ici aller a un brillant exercice de style. En effet, Le plaisir évident que Welles fait passer à travers cette œuvre est hautement communicatif. Comme à son habitude il joue avec le spectateur, le balladant sans ménagement et ce aussi bien au niveau de la structure de son intrigue en flashbacks (plus ou moins complexes et destabilisants selon la version regardée) que des déplacement géographiques totalement exhubérants de ses héros.

Un conseil de spectateur, ne tentez surtout pas d’abordez ce film sous l’angle de la logique et de la rigueur dans les raccords ou de la continuité temporelle ou géographique. Mr Arkadin est une œuvre de pur cinéma, une sorte de rêve éveillé ou l’absurde le plus poussé se dispute avec des sautes de styles et de lieu des plus étranges mais réjouissantes. Welles maitrisant à la perfection l’intégralité du language cinématographique (qu’il à d’ailleurs presque réinventé ou du moins plié à ses besoins lors du tournage de Citizen Kane) , c’est grace à sa mise en scène absolument époustouflante qu’il va réussir à faire passer les plus grosses couleuvres à ses spectateurs fascinés.
Et pourtant on ne peut que regretter amèrement que Welles n’ait eu la possibilité de terminer le montage de son film puisqu’en l’état, et malgré les trois versions proposées dans cette édition, il semble assez évident que le maitre n’avait pas apporté la touche finale. Pour cela il suffit de voir les différences d’ordre chronologiques des scénes entre les versions mais aussi les passages plus courts, longs ou tout simplement absents selons le montage choisi.
La façon dont Welles à tourné et découpé son film a permis de faire ces différents montages sans changer profondément le sens et l’impact de l’œuvre. En effet, Welles tournait des plans très courts (ou bien des plans séquences magnifiques) et créait véritablement son film au montage, se réservant ainsi la possibilité d’expérimentations presque infinies sur l’assemblage des images aussi bien que des sons. Il est important de souligner à ce titre que la bande-son de Mr.Arkadin est un collage sonores des plus audacieux qui pourra cependant en désarçonner plus d’un. En effet, Orson à lui-même redoublé de nombreuses voix de différents acteurs dans le film et il arrive fréquemment que le mouvement des levres ne correspondent que peu avec ce que l’on entend. Voici donc encore une autre raison de regretter la non finalisation du film puisque malgré le brio avec lequel Welles à « bidouillé » tout cela, il est évident que son sens de la perfection l’aurait conduit a retravailler longtemps ce mixage.

Ce qui reste le plus frappant dans ce film est la faciliité avec laquelle Welles manipule le temps et les dimensions pour enfermer ses personnages dans un décor on ne peut plus vaste, la planête entière.
Sans se lancer dans un analyse du film ni de son œuvre, il aisé de constater que le cinéaste à toujours joué sur le mouvement de ses acteurs de façon remarquable, insistant sur les passages et autres portes a travers lesquelles ses héros transitent.
Dans Mr.Arkadin ce principe est poussé au maximum puisque Van Stratten voyage à travers le monde entier pour tenter de retrouver des traces du passé de Gregory Arkadin. Et cette fois-ci le milliardaire joué par Welles devient quasiment omnipotent se trouvant toujours la ou on ne l’attends pas comme si il semblait posséder un véritable don d’ubiquité. De ce jeu diablement amusant de faire passer son « héros » pour une divinité (la barbe de neptune, les fréquentes allusions qui y son faites) , Welles fait un des points centraux de son film pour le plus grand plaisir des spectateur.
Il y en effet un incroyable plaisir à voir ce Gregory Arkadin se comporter et se déplacer de façon quasi irrationelle, cela ajoute un élément fantastique a une histoire déjà assez peu crédible en soi. Pour être plus précis, c’est une sensation de rêve (ou de cauchemar) éveillé qui se dégage de la façon la plus évidente de cette enquête touffue et il faut bien l’avouer souvent assez vague. Comme il le fera magistralement et de façon « officielle » pour son adaptation du Procés de Franz Kafka, Welles qui à toujours affectionné ce type d’ambiance (se détachant ainsi souvent de la rigueur narrative du cinéma américain classique) s’en donne à cœur joie dans Mr Arkadin.
Le spectateur (comme dans Lady of Shanghai, autre grand film charchuté de Welles) est entrainé dans la spirale du film, spirale éminement hypnotique crée par Welles grace à un montage génialissime (même si comme le démontre cette édition le maitre n’avait pas totalement terminé cette étape o combien importante de son processus créatif). Le rêve du cinéphile amateur de l’œuvre de Welles restera donc toujours inassouvi puisque visiblement Welles n’a jamais pu terminer le montage définitif de la plupart de ses œuvres de studio.
Malgré cette lacune et quelle que soit la version visionnée, la magie opére et l’intrigue sériale, l’ambiance éthérée (mais rapide), le traitement visuel baroque et ironique font des merveilles sur les spectateurs réceptifs, sachant se laisser entrainer.

Il y aurait tant à dire sur ce film auquel on peut trouver énormément de défauts mais qui reste pourtant à nos yeux ce que Welles à produit de plus délirant et immédiatement appréciable. Certains critiques le placent au sommet de l’œuvre de son auteur, d’autes comme une œuvre mineure et nous jugeons cette hiérarchisation pour le moins ridicule tant chaque œuvre de Welles est un monument créatif en soi ou chacun pourra trouver son bonheur en fonction de sa sensibilité.
Le plaisir purement cinématographique dégagé par ce film est intense et quasi inégalé en ce qui nous concerne sans pour autant que jamais le fond ne soit oublié (même si il y est moins profond et primordial que dans d’autres œuvres de Welles) et nous vous souhaitons sincérement de prendre le même plaisir que nous au visionnage de cette œuvre unique.




Image
L’image est proposée au format respecté de 1.33:1 d’aprés un transfert 4:3 et ce sur les trois versions offertes du film.
La définition générale des trois versions est tout à fait correcte voire même très bonne si l’on prend en considération la genèse cahotique de l’œuvre, son budget limité, son aspect « mutilé » et enfin son age.

L’interpositif est loin d’être immaculé mais chaque « défaut » s’avère limité au maximum et a nouveau totalement compréhensible une fois toutes les limitations prises en compte. Ainsi la version « Corinth » offre un début très abimé mais se rattrape superbement par la suite. Les points et traits sont donc visibles en cours de visionnage mais ne s’avèrent jamais vraiment gênants, de même que le grain qui reste tout de même étonnament limité.
Le contraste est fort correctement géré et évite au maximum les brillances. Il apparaît plus solide sur la version « Confidential Report ».
Les scènes sombres sont bien rendues même si les noirs manquent d’une vraie profondeur et que leur pureté n’est pas une référence. Encore une fois les conditions exceptionnelles mentionnées en début de paragraphe font que le rendu visuel obtenu par Criterion dans ce domaine est absolument excellent.
L’échelle des gris offre une rendu de haut niveau qui permet de bien restituer la formidable complexité de la photographie du film (en partie du à son aspect composite).
La partie numérique est fort heureusement (et comme il est de coutume chez Criterion) exempte de tous reproches, ne générant aucun défaut artificiel visible.

Trois transferts superbes qui ne deviendront certainement pas des « références » au final mais tirent le meilleur de matériau de départ très abimés. La version « Corinth » provenant d’une copie 16 mm est logiquement la moins performante, celle dite « Comprehensive » mélageant les sources est légèrement meilleure et enfin le montage «Confidential Report » (l’officiel) offre la meilleure image du lot.
La progression par rapport à la précédent version en Laserdisc Pioneer que nous possédions est absolument remarquable et démontre bien à quel point de telles œuvres se doivent d’être confiées à des éditeurs aussi soigneux et respectueux que Criterion.

Ce film unique trouve enfin en rendu visuel digne de son génie et ce dans les trois versions offertes.




Son
La seule bande-son offerte sur chacune des trois versions est en Anglais (Dolby 1.0 mono).

Les trois bandes-son offrent logiquement une dynamique limitée non seulement par le format, l’époque d’enregistrement et le budget de l’œuvre mais aussi par les techniques même employées par Welles et son tournage cahotique et fragmenté. Il faut comme pour l’image reconnaître que le résultat obtenu malgré toutes ses limitations est donc finalement de très bon niveau.
Leurs présences et leurs spatialité sont limitées mais cela reste tout à fait « normal » compte tenu des réserves exprimées juste avant.
La musique est correctement rendue mais souffre des limitations évidentes dans le bas mais surtout le haut du spectre (distortions et parasites), rien de toutefois vraiment gênant. Elle est par ailleurs parfaitement intégrée au reste de la bande-son ce qui encore une fois compte tenu des réserves émises au début est vraiment surprenant.
Les dialogues sont en permanence intelligibles même si logiquement des parasites et distortions sont audibles régulièrement. Toutefois ceux-ci ne deviennent gênants que lorsque le volume est poussé au dela du raisonnable. A noter également que du au redoublage et au « bidouillages » effectués par Welles sur cette bande-son composite les voix apparaissent souvent décalés par rapport au mouvement des lèvres des acteurs, cela n’étant gênant que si l’on se focalise dessus.
Les basses fréquences sont bien évidemment absentes et cela n’est jamais préjudiciable a la bonne tenue de la bande-son puisque leur présence n’est pas en défaut mais au contraire n’a jamais été incluse dans le mixage.

Les trois bandes-son proviennent du même matériau d’origine et sont donc quasi identiques. Les sous-titres sont offert en Anglais uniquement.

Voici donc des bandes-son qui montrent certes des défauts mais qui comme l’image offrent le meilleur possible d’une œuvre auparavant très mal pourvue dans ce domaine, ce qui est une comble lorsque l’on sait le soin et le génie de Welles en matière de traitement du son et de l’importance qu’il y accordait.




Suppléments/menus
Une section originale qui s’intéresse à la production cahotique ainsi qu’aux origines de l’oeuvre, éclairant ainsi un peu le mystére épais qui entoure cette oeuvre.

Sur le premier disque contenant The Corinth version est offert un excellent commentaire audio effectué par deux grands spécialistes de Welles, Jonathan Rosenbaum et James Naremore. Ce commentaire est une vraie merveille pour les amateurs du cinéaste et plus particuliérement de ce film dont nous faisons partie. Un commentaire passionnant, intelligent d’un timing impeccable aborde tous les aspects du film pour nous en offrir une vision la plus claire possible. Indispensable !!
Sur ce même disque sont offerts trois épisodes de la série radiophonique réalisé par Welles (1951/1952) « The lives of Harry Lime » à la suite du succés phénoménal de The third man de Carol Reed et du personnage qu’il y interprête. Ces show nous permettent de découvrir la genèse de Mr Arkadin dont de très nombreux éléments présents dans le film sont disséminés au sein de ces trois épisodes, mettant d’autant plus en avant l’aspect « pulp » et « serial » de ce film. Afin de résumer les rapports ténus entre cette série radiophonioque et le film est offert un documentaire de 20 minutes, « Reviving Harry Lime ».
Enfin sur ce même disque est offerte une classique galerie de photos de tournage et de production.

Sur le second disque contenant Confidential Report est offert un documentaire de 25 minutes intitulé « Men of mystery » dans lequel le biographe de Welles, Simon Callow discute de plusieurs des personnalités ayant pris part au tournage. Principalement ce sont Michael Redgrave, Louis Dollivet mais surtout Robert Arden dont une intéressante interview vient ponctuer ce segment passionnant et qui éclaire un petit peu plus le mystére (sans jamais toutefois ne risquer de le percer, loin s’en faut).

Sur le dernier disque contentant The comprehensive version est offert un documentaire de 20 minutes intitulé « On the comprehensive version » dans lequel Stefan Drössler et Claude Bertemes, les deux restaurateurs et assembleurs de cette nouvelle version, nous parlent de leur travail. Ils sont appuyés par l’excellent Peter Bogdanovitch et expliquent en quoi leur version n’est pas plus juste ou valable qu’une autre mais simplement plus complête et assemblée avec le plus grand soin et respect pour le cinéaste.
Ensuite sont disponibles prés de 30 minutes de répétitions et de rushes montrant Welles au travail en tant qu’acteur mais surtout en train de diriger ses acteurs. Ce passage est une mine d’or pour les amateurs du cinéaste qui peuvent enfin le voir en action et constater à quel point il etait minitieux et à cheval sur le moindre détail de l’interprétation de ses acteurs, chaque position, regard et intonation étant dûment corrigé et travaillé.
Enfin sont proposés des scénes alternatives provenant de la version espagnole du film dans lequel Suzanne Flon et Katian Paxinou sont remplacées par des actrices ibériques. Sans autre réel intérêt que de se rendre compte du mystére et des infinies possiblités offertes par Mr.Arkadin, ces segments sont des curiosités.

En plus de tout cela et pour notre plus grand plaisir, Criterion continue sa politique d’accompagner ses éditions DVD de suppléments papier.
Le premier et le plus imposant est un livre contenant la version novelisée du film présentée comme écrite par Orson Welles en tant que support à l’élaboratrion du scénario.
Cependant comme l’explique Robert Polito dans son excellente introduction le mystére entourant ce livre est aussi opaque que celui entourant le film, même si cette piéce peut être légitimement considérée comme l’œuvre de l’ami de Welles, Maurice Bessy.
Le second est un excellent livret qui propose trois différents textes ou chacun des auteurs défend une des versions du film comme celle qui lui semble la plus proche de la vision qu’en aurait eu Welles s’il avait pu le terminer. En pointant les différences entre les versions et les replaçant dans le contexte ce livret remplit une fonction essentielle.

Voici donc un ensemble réellement multimédia qui aborde l’œuvre sous quasiement tous les angles et à défaut de mieux nous faire comprendre le film (ou de répondre à la question de la version la plus légitime) , nous propose le maximum d’informations sur sa genèse et ses soucis de production. Un excellent et colossal travail de Criterion qui confirme une fois de plus son statut unique dans l’industrie qui lui vaut tous nos remerciements de cinéphiles.






Conclusion
Une sublime édition qui offre le meilleur possible au niveau audio et vidéo pour une incarnation vidéo enfin à la hauteur de l’oeuvre. Les suppléments sont tous remarquables et complets, permettant de pouvoir sans soucis appeler ce Complete Mr.Arkadin, l'édition définitive de cette œuvre.

Qu’il s’appelle Mr Arkadin ou Confidential Report, ce film eminement fascinant est une expérience cinématographique de premier plan. Toute la personnalité complexe et le génie de Welles y éclatent brillamment et ce malgré le fait qu’il n’ait pu apposer sa touche finale à rêve éveillé. Arkadin est un personnage central et somme du cinéma de Welles et le fait qu’il revienne à une structure proche de celle de Citizen Kane, montre bien l’importance de ce film au sein de l’œuvre du cinéaste. Toutes les specificités du style et des intérêts du cinéaste sont poussées à leur paroxysme pour aboutir a un mélange unique, totalement « Wellesien » qui ne pourra que fasciner durablement les spectateurs qui se laisseront emporter par ce tourbillon baroque et moderne.


Qualité vidéo:
3,4/5

Qualité audio:
3,5/5

Suppléments:
4,2/5

Rapport qualité/prix:
4,8/5

Note finale:
4,1/5
Auteur: Stefan Rousseau

Date de publication: 2006-07-10

Système utilisé pour cette critique: Projecteur Sharp XV Z9000, Lecteur de DVD Toshiba SD500, Recepteur Denon, Enceintes Triangle, Câbles Banbridge et Real Cable.

Le film

Titre original:
Mr. Arkadin

Année de sortie:
1955

Pays:

Genre:

Durée:
99/98/105 minutes

Réalisateur (s):

Acteur (s):

Le DVD / Blu-ray

Pochette/couverture:

Distributeur:
Criterion

Produit:
Livre+DVD

Nombre de disque:
3 DVD-9 (simple face, double couche)

Format d'image:
1.33:1

Transfert 16:9:
Non

Certification THX:
Non

Bande(s)-son:
Anglaise Dolby mono

Sous-titres:
Anglais

Suppéments:
Commentaire audio, entrevues, documentaire, scènes alternatives et essais, show radio, galerie de photos, livret, livre contenant une novelisation du film

Date de parution:
2006-04-18

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