Après avoir tenté en vain de nous vendre des téléviseurs 3D, la nouvelle mode chez les fabricants de télévision soucieux de nous voir renouveler nos (pourtant parfaitement adéquats) téléviseurs et autres projecteurs 1080p est l’ultra haute définition, plus connue sous l’acronyme UHD. Comme je l’ai déjà spécifié dans un billet précédent, rien ne sert de courir en l’occurrence, étant donné qu’à part sur Netflix et Youtube, il n’y a pas de diffuseur qui transmette du contenu en Ultra HD. De plus, les téléviseurs 2160p (offrant la définition 3840×2160) actuellement sur le marché ne respectent pas la norme Rec.2020 qui définit l’Ultra HD de la même façon que Rec.709 définit la HD.
Afin de surfer sur la vague des formats de diffusion en salles de cinéma, les fabricants de téléviseurs se sont mis à utiliser l’acronyme 4K pour vendre leurs téléviseurs. Ceci est encore une belle preuve d’abus de langage utilisé par des marketeurs trop zélés. En effet, bien que les définitions soient fonctionnellement identiques (la définition d’un projecteur 4K est 4096×2160 alors qu’une télé UHD offre 3840×2160 pixels, la définition la plus petite proposée par la norme Rec.2020), ces deux normes ne s’appliquent tout simplement pas à la même chose. 4K est un terme utilisé par la norme DCI (Digital Cinema Initiative) qui spécifie comment doivent fonctionner les salles de projection numériques en salle de cinéma.
À part la (minime) différence de définition, tout sépare UHD 2160p de DCI 4K. L’espace couleur n’est pas le même : il serait trop long d’énumérer ici toutes les différences, mais je mentionnerai juste que Rec.2020 spécifie un espace de couleur encodée en RGB (comme Rec.709, mais avec des primitives R, G et B différentes) alors que DCI utilise un encodage en X’Y’Z’, avec un rendu en RGB utilisant des primitives différentes de Rec.2020. La plus grosse différence se situe dans la compression employée. Là où la norme Rec.2020 préconise un encodage en H.265 (HEVC, High Efficiency Video Coding), à des débits comparables à ce qui est utilisé actuellement en télédiffusion ou sur un disque Blu-ray, la norme DCI impose un encodage en JPEG2000 à un débit de… 250Mbps, permis par le fait que les films sont stockés sur des disques durs.
Le niveau de qualité n’est donc clairement pas le même. Si les professionnels de l’image aimeraient que les vocables 2160p et 4320p soient utilisés pour les deux définitions de la norme Ultra HD (après tout tout le monde sait ce que signifient 720p et 1080p), on peut gager que les professionnels du marketing préféreront les vocables plus accrocheurs que sont 4K et 8K.
François Schneider
Sources (en anglais) : Extremetech.com, TFT Central, ITU, DCI
Tags: 2160p, 4K, 8K, DCI, P3, Rec.2020, UHD, UHDTV, Ultra HD